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Capsules vidéos, affiches et conférences : la Concertation pour de saines habitudes de vie en Outaouais (CSHVO) n’a pas lésiné pour sensibiliser les intervenant·es en petite enfance et les parents à l’importance du jeu libre actif et de la prise de risque pour les tout-petits.
Favoriser le développement moteur d’un enfant repose sur un double défi : assurer sa sécurité physique d’une part, et, d’autre part, lui donner la possibilité de prendre des risques acceptables. « Or, cet équilibre n’est pas toujours facile à cerner pour les personnes qui travaillent en petite enfance, indique Marie Danielle Michaud, coordonnatrice de la Concertation Saines habitudes de vie Outaouais. Plusieurs milieux de garde nous avaient d’ailleurs fait part de leurs préoccupations concernant la surprotection des tout-petits en contexte de jeu libre à l’extérieur. »
Sensibiliser le milieu
En se basant sur le travail déjà accompli au sein de plusieurs comités de la CSHVO concernant le mode de vie physiquement actif, le Comité Petite enfance a misé sur la sensibilisation en utilisant différents outils de communication. « Les capsules vidéos, les affiches et les conférences ont mis de l’avant l’importance d’une prise de risque acceptable et bénéfique dans un cadre sécuritaire, explique Marie Danielle Michaud. Et comme plusieurs ressources en petite enfance de la région sont anglophones, nous avons décidé de produire des outils dans les deux langues. »
Le projet « Jeu libre à l’extérieur dans un contexte de sécurité bien dosée » a bénéficié d’un soutien financier offert par le ministère de la Famille dans le cadre du Plan d’action interministériel 2017-2021 de la Politique gouvernementale de prévention en santé (Action 2 de la mesure 1.2).
Pour bien cerner les perceptions et les besoins du milieu, le chargé de projet Guillaume Vermette a tout d’abord organisé des groupes de discussion avec des gestionnaires de CPE et de garderies privées, ainsi qu’avec des milieux familiaux. « J’ai également échangé au téléphone avec plusieurs parents, mentionne-t-il. Ils comprenaient bien l’importance du jeu libre et actif, mais ils ne se sentaient pas toujours outillés pour bien accompagner leurs enfants en contexte de prise de risque. »
Les messages clés en quelques mots
Le comité Petite enfance a produit deux capsules vidéos en français et deux en anglais. « Ce format court convient bien au personnel des services de garde éducatifs à l’enfance (SGÉE) et aux parents, explique Marie Danielle Michaud. Tous les messages clés y sont mentionnés, l’objectif étant de susciter des échanges intéressants après le visionnement. »
Du côté des affiches, qui sont téléchargeables ici, et offertes dans les deux langues, l’information tient en quelques mots :
- Ici on joue dehors ! Il n’y a pas de mauvaise température, il ne faut que choisir les bons vêtements!
- Surprotéger un enfant peut avoir pour effet de diminuer sa confiance en lui et de le rendre anxieux. C’est en tombant que les enfants apprennent à se relever !
Des conférences présentées par des expertes
Une première conférence gratuite, avec traduction simultanée, a eu lieu le 17 novembre, dans le cadre du Forum de la petite enfance, organisé par la Table Éducation Outaouais (TÉO). « Cette conférence, qui s’adressait aux intervenant·e·s, fut une belle occasion de transfert de connaissances », souligne Marie Danielle Michaud.
Les deux autres conférences, diffusées en mode virtuel au mois de mars 2022, s’adressaient autant aux parents qu’aux éducatrices. Marie-Pier Lavoie, détentrice d’un DESS en éducation par la nature et l’aventure, a fait une présentation inspirée et détaillée des nombreux effets bénéfiques des sorties en nature et de la prise de risque sur le développement moteur, physique, social, affectif, langagier et cognitif des tout-petits. Elle a évoqué, par exemple, la « zone de délicieuse incertitude », c’est-à-dire le moment où l’enfant choisit de relever un défi en prenant un risque acceptable pour lui. Cette conférence de 90 minutes peut être visionnée ici.
La seconde conférence s’est déroulée en anglais : elle peut être visionnée ici. Holly McIntyre, enseignante au programme de spécialisation en écoéducation par la nature (AEC) à Rivière-du-Loup, a su bien expliquer comment évaluer et contrôler les risques dans divers scénarios de sortie en nature.
Les deux présentatrices ont mentionné plusieurs documents de référence accessibles en ligne, notamment :
- Alex – Cadre de référence L’éducation par la nature en service de garde éducatif, publié en 2021 par l’Association québécoise des CPE.
- Évaluation risques-avantages du jeu à l’extérieur : Une boîte à outils canadienne, publié en 2020 par la Child & Nature Alliance of Canada
Une collaboration bien huilée
Le comité Petite enfance de la CSHVO peut compter sur différentes expertises pour mener ses projets à bien, comme celle des représentants du Centre de santé et de services sociaux de l’Outaouais (CISSSO) et du ministère de la Famille. « Le Centre de ressources Connexion assure le lien avec la communauté anglophone, qui a beaucoup apprécié que les outils de sensibilisation soient offerts en anglais », précise Marie Danielle Michaud.
« Parmi les autres membres du comité, ajoute-t-elle, on compte le cégep de l’Outaouais et le cégep anglophone Heritage, qui offrent tous deux un programme d’Éducation à l’enfance ainsi que la Table Éducation Outaouais, qui nous conseille en matière d’intervention dans les milieux scolaires et de la petite enfance. Nous avons également une belle collaboration avec le milieu communautaire, notamment les Tables de développement social et les regroupements de partenaires, qui assurent les liens avec les familles. »
Un milieu proactif
Les capsules vidéos ont été tournées au CPE Aux Petits Lurons qui accueille 187 enfants dans trois installations à Aylmer. Son directeur, Éric Maltais, est résolument tourné vers le jeu actif et la sécurité bien dosée. Il a notamment fait aménager un sentier dans le boisé voisin d’une des installations afin de donner aux enfants l’occasion de bouger en nature même en hiver. « Nous avons des trottinettes des neiges, des raquettes et nous entaillons les érables au printemps », fait-il valoir avec enthousiasme.
La CSHVO envisage de continuer à promouvoir le jeu libre à l’extérieur et la sécurité bien dosée. « Nous réfléchissons, par exemple, à la possibilité de présenter des ateliers au cours d’événements tenus dans des lieux publics comme les parcs, pour rejoindre encore plus directement les parents », indique Marie Danielle Michaud, qui se réjouit du dynamisme du comité Petite enfance et de celui des partenaires qui collaborent activement au développement global des enfants de la région.