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De l’Outaouais au Lac-Saint-Jean, en passant par la vallée du Richelieu, les initiatives de glanage se sont multipliées au Québec ces dernières années. Des dizaines de tonnes de fruits et de légumes sont récoltées au bénéfice des organismes de sécurité alimentaire, des cueilleurs et des producteurs. Tour d’horizon d’une activité solidaire qui réduit le gaspillage alimentaire, améliore l’accès à des aliments sains et renforce les liens sociaux.
Glaner, en bref, c’est ramasser ce qui reste dans les champs ou les arbres fruitiers une fois que le producteur a fait sa récolte. Il reste en effet toujours des légumes et des fruits qui n’ont pas été ramassés ou cueillis. Ils sont trop petits ou déformés, quelque peu abîmés ou trop mûrs pour être vendus, tout en étant parfaitement comestibles. Ce sont parfois des surplus de production que le maraîcher n’arrive pas à écouler.
Qu’est-ce que le glanage?
L’histoire du glanage remonte loin dans le temps. « Le glanage est une activité très ancienne. Sa pratique suppose de la part de ceux qui possèdent les terres une forme d’assistance envers les plus démunis », précise une fiche de l’Académie française. Au Québec, le glanage était en effet autrefois pratiqué de façon informelle et il était généralement limité aux champs et aux vergers.
Aujourd’hui, les organismes qui coordonnent les activités de glanage fonctionnent de façon différente et les récoltes sont plus diversifiées. Selon le cas, ils peuvent développer des ententes avec les partenaires suivants :
· Les particuliers qui ont des arbres fruitiers sur leur propriété.
· Des jardiniers qui ont des surplus.
· Les municipalités qui ont créé des aménagements comestibles.
· Les producteurs qui offrent l’autocueillette.
Les objectifs et les valeurs du glanage
Le glanage repose sur trois objectifs :
- améliorer l’accessibilité à des aliments sains ;
- utiliser au maximum les surplus alimentaires et les partager ;
- sensibiliser les citoyens à la consommation locale et écoresponsable.
Le glanage met de l’avant l’équité et la solidarité. Les récoltes sont en effet partagées également entre les cueilleurs bénévoles, les producteurs et un ou plusieurs organismes ou institutions dédiés aux besoins de la communauté. Dans les faits, il arrive régulièrement que les producteurs laissent leur part aux organismes bénéficiaires. Parmi ceux-ci, on compte :
- des banques et comptoirs alimentaires ;
- des cuisines collectives et popotes roulantes ;
- des maisons des jeunes, CPE, camps de jour et écoles ;
- des maisons de transition.
Les bénéfices du glanage
Tous les acteurs impliqués dans les activités de glanage sont gagnants. Les bénévoles sont bien encadrés, s’activent en plein air et repartent avec des aliments frais. Les donateurs réduisent leur impact environnemental et contribuent à la santé de la collectivité, tandis que les organismes bénéficiaires améliorent leur offre alimentaire.
Le glanage bénéficie également à la collectivité en brisant l’isolement, en renforçant les liens sociaux et en générant des activités éducatives dans les milieux scolaires et communautaires : ateliers culinaires, découverte d’aliments méconnus et sensibilisation à une alimentation saine et écoresponsable. Le glanage peut aussi redonner confiance aux personnes démunies et favoriser un retour sur le marché du travail.
Les pionniers du glanage structuré
C’est à Montréal, en 2012, que le premier projet de glanage structuré a vu le jour à l’initiative du centre alimentaire Santropol Roulant. Cette année-là, les 40 bénévoles des Fruits Défendus ont récolté 340 kg de fruits. En 2020, plus de 2 000 kg de fruits urbains ont été glanés !
Le projet Fruits Partagés, lancé en 2014 par Moisson Rimouski-Neigette, est directement inspiré de l’initiative montréalaise. La première saison a généré une récolte de 800 kg de fruits et de légumes, celle de 2020, plus de 7 000 kg !
Les chiffres de Maski-Récolte (MRC de Maskinongé), lancé en 2018, sont impressionnants : plus de 14 000 kg récoltés en 2020 ! C’est d’ailleurs grâce à une subvention de 10 000 $ octroyée par 100° que le projet-pilote a vu le jour.
La transformation alimentaire
Si les légumes et fruits récoltés enrichissent l’offre des banques alimentaires, la transformation s’impose lorsque les récoltes sont abondantes. Ainsi, en 2020, l’équipe des Fruits Partagés a coordonné 42 activités de transformation alimentaire et 183 personnes ont participé à des ateliers culinaires.
Des fraises aux courges, en passant par les tomates et les poires, la diversité des récoltes est remarquable. Par exemple, les bénévoles du projet Des Chenaux récolte ramassent jusqu’à 16 légumes et 6 fruits différents. Et saviez-vous qu’à Montréal, on peut cueillir, en plus des classiques pommes et poires, des coings, des noix, des figues et des baies de goji ?
Le financement du glanage
Le MAPAQ, les CIUSSS et les CISSS, les MRC, ainsi que les tables intersectorielles régionales en saines habitudes de vie (TIR-SHV) sont au nombre des partenaires financiers des initiatives de glanage au Québec. Des sociétés d’aide au développement des collectivités (SADC) et des corporations de développement local (CDL) sont également impliquées, ainsi que des entreprises locales.
Un avenir qui s’annonce bien
Une communauté de pratique a vu le jour en mars 2020 et regroupe des projets implantés, en démarrage ou en préparation. Grâce à cette initiative, qui permet aux membres d’échanger sur leurs pratiques, leurs enjeux, et leurs bons coups, le glanage a de l’avenir au Québec.
19 projets de glanage au Québec
Selon une liste dressée en juin 2021 par l’organisme Le Jour de la Terre, le Québec compte actuellement au moins 19 projets de glanage structuré. Les sites web de plusieurs organismes fournissent des informations détaillées sur leurs activités.
Les projets de glanage au Québec
- Bas-Saint-Laurent: Les fruits partagés
- Capitale-Nationale: Glanage Portneuf
- Centre-du-Québec: Artha-Récolte
- Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine:
- Mauricie:
- Montérégie:
- Montréal: Les fruits défendus
- Outaouais: Escouade anti-gaspillage
- Saguenay–Lac-Saint-Jean:
(Source : Répertoire des groupes de glanage au Québec, Jour de la Terre, juin 2021)