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Concertation Montréal vient de publier un tout nouveau guide sur les bonnes pratiques en matière de réduction des emballages et du gaspillage alimentaire. Ce document présente les initiatives de 14 restaurants et petits commerces qui contribuent activement à la transition écologique. Coup d’œil sur un guide qui se lit comme un reportage.
On se désole souvent de l’ampleur du suremballage et du gaspillage dans le secteur alimentaire, mais il est réjouissant de constater que le désir de mieux faire est aussi bien présent. Le Guide de bonnes pratiques pour la réduction des emballages et du gaspillage alimentaire, qui propose des pistes d’action concrètes, repose sur des entrevues menées auprès d’entrepreneur·e·s ayant mis en place des stratégies ingénieuses et reproductibles.
Ces 14 commerces et restaurants ont participé à la Communauté de pratique Mon commerce zéro déchet de Concertation Montréal. Cette communauté, créée en partenariat avec le Guichet unique pour la transition alimentaire (GUTA), est soutenue par un comité consultatif d’expert·e·s en gestion des matières résiduelles.
L’économie circulaire
Le fermier Bernard Petit récupère chaque mois huit tonnes de drêche générées par la brasserie l’Espace Public, située dans l’arrondissement Mercier–Hochelaga-Maisonneuve. Il s’en sert pour nourrir ses animaux et l’épand dans ses champs.
Cette collaboration a plusieurs retombées remarquables. La brasserie n’a pas à gérer ces résidus qui sont encombrants, sentent très mauvais et prendraient autrement la direction du compost. Le fermier y trouve son compte, mais aussi la champignonnière urbaine Blanc de Gris qui fait affaire avec le broue-pub, le salon et la boutique de l’Espace Public. La cerise sur le gâteau ? La champignonnière et la boutique sont également situées dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve.
Du côté de la succursale La Bête à pain, située à Ahuntsic, le processus est inversé en quelque sorte, car les pains invendus sont déshydratés et la brasserie Silo en fait de la bière. Les résidus de drêche sont ensuite transformés en farine par Still Good qui sert à fabriquer un pain nommé Le protéiné.
Les contenants consignés
Par ailleurs, l’Espace pour la vie de Montréal s’est bien préparé pour respecter le nouveau règlement de Ville de Montréal interdisant la distribution de certains articles à usage unique. Ainsi, le restaurant du Jardin botanique utilise des contenants consignés réutilisables, fabriquées par l’OBNL La vague.
Pour sa part, dans le cadre d’un projet pilote, le restaurant végétalien Lola Rosa emploie les contenants consignés produits par la coopérative Retourzny. Et le Salon Enchanthé vend des plats prêts-à-manger qui sont conçus pour entrer dans des pots Mason consignés. Ces produits sont également vendus chez « META épicerie consciente », un commerce qui appartient au même propriétaire.
Donner au suivant
La stratégie mise en place par la boulangerie Première Moisson du Marché Jean-Talon consiste à remettre ses invendus au bénéfice de personnes vulnérables. Ainsi, Lise, une dame à la retraite récupère cinq soirs par semaine des pains et des viennoiseries, puis les redistribue à différents organismes, dont la Maison du Père. Le Groupe d’entraide maternelle de La Petite-Patrie et La Maisonnette des parents viennent récupérer les invendus les deux autres soirs.
De plus, pour garder les invendus frais au cas où l’organisme partenaire ne vient pas récupérer les dons, la boulangerie réemploie ses poches de farine pour mettre les produits au congélateur. Et la boulangerie souhaite démarrer sous peu un projet « Apportez vos contenants ».
Des défis surmontables
Chacun des commerces et restaurants a connu son lot de défis, notamment logistiques, comme le stockage et le ramassage des produits récupérés ou des contenants consignés. Ainsi, les entrepreneur·e·s qui ont recours à des contenants réutilisables doivent prévoir un espace dédié, parce que ceux-ci, même s’ils sont empilables, prennent plus de place que des contenants à usage unique.
Dans le cas du restaurant du Jardin botanique, il a fallu faire de nombreux tests, dont certains étaient concluants, d’autres non. De plus l’approvisionnement en contenants est parfois un problème lorsque le fournisseur ne répond pas entièrement aux besoins du restaurant.
La communauté de pratique permet d’échanger au sujet de ces défis et de bénéficier du soutien d’expert·e·s en gestion des matières résiduelles pour les surmonter. Tout cela en vaut la chandelle selon les 14 membres de cette communauté, car le personnel est fier de participer à ces initiatives, qui sont très appréciées par la clientèle.
Photos : courtoisie de Concertation Montréal
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