Selon un sondage Léger[1], 72 % des adultes québécois, ayant déjà reçu des compliments ou des critiques sur leur poids ou leur apparence pendant leur enfance ou leur adolescence, affirment que ce type de commentaire a encore un impact sur eux aujourd’hui. Ce constat devrait nous conduire à réfléchir avant de commenter le corps ou l’apparence d’un enfant ou d’un ado de notre entourage.

Bien que ces types de commentaires puissent sembler banals, et qu’ils soient rarement formulés  dans l’intention de faire du tort, ils peuvent faire naître chez de nombreux jeunes des préoccupations à l’endroit de leur corps. Pour certains, ces remarques risquent d’exacerber des préoccupations déjà bien présentes. Ceci peut mener, dès un jeune âge, à un désir de changer son corps et à l’adoption de comportements nuisibles à sa santé mentale et physique.

Même si, à la base, un compliment vise à faire plaisir, lorsqu’il concerne le poids ou l’apparence, il peut avoir des impacts négatifs. Je m’explique.

Cette façon de complimenter les enfants ou les jeunes sous-entend qu’on accorde beaucoup d’importance à leur apparence. Cela peut les conduire à se préoccuper très tôt de leur image et même, à se définir en fonction de celle-ci. Un enfant qui a l’habitude de se faire complimenter sur son apparence risque de construire son estime de soi principalement en fonction de cette caractéristique.

En fait, l’apparence peut contribuer, dans une certaine mesure, à l’estime de soi. Cependant, lorsqu’elle prend toute la place, ou une place trop importante chez un jeune, ce dernier peut devenir plus fragile face aux défis, aux difficultés et aux commentaires négatifs auxquels il sera exposé. On a donc tout avantage à complimenter les enfants et les ados sur autre chose que leur apparence, comme leurs talents, leur personnalité, leurs qualités, leurs efforts, etc. Cela les aidera à se construire une estime de soi plus diversifiée et, par conséquent, plus solide.

De plus, il ne faut pas oublier de considérer que, lorsque le corps ou l’apparence du jeune change, ce qui survient inévitablement au cours de l’existence, cela risque de susciter de l’insécurité. Le jeune serait susceptible, par exemple, de remettre en question sa valeur ou penser qu’on l’apprécie moins avec ce corps « changé ».

Au-delà des commentaires qui peuvent être formulés à l’endroit des jeunes, on devrait également accorder une attention particulière à ceux qui nous sont adressés ou qui concernent d’autres adultes. En effet, même si ces remarques ne concernent pas directement les jeunes qui en sont témoins, elles peuvent entraîner le même genre de conséquences. Cela vient, une fois de plus, leur montrer que l’on accorde beaucoup d’importance à l’apparence et au poids.  

Ces remarques peuvent aussi servir de courroie de transmission aux préjugés sur le poids ou l’apparence. Des phrases du type « Il doit être plus en santé depuis qu’il a maigri ! » ou encore « J’ai pris du poids, je trouve que je me laisse aller dernièrement », peuvent induire le jeune à croire, mais à tort, qu’une personne qui a maigri est nécessairement en meilleure santé et qu’une personne qui a pris du poids manque de volonté.

Bref, même si ce n’est pas toujours facile, on devrait vraiment essayer d’éviter, et même s’abstenir, de tous commentaires sur le poids et l’apparence adressés aux jeunes ou même formulés dans leur entourage.

Consultez cette fiche de sensibilisation réalisée à l’occasion de la 13e édition de la campagne la Semaine Le poids ? Sans commentaire ! qui se déroule du 25 au 29 novembre 2024 et découvrez nos autres outils de sensibilisation.