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Au Québec, les municipalités sont davantage conscientes des enjeux liés au changement climatique. Nombre d’entre elles redoublent d’efforts pour accroître leur verdissement et augmenter leur résilience. Mais pour demeurer équitable, cette transition écologique ne doit laisser personne derrière. C’est l’approche que prône Nature Québec avec son projet Pour des villes vivantes !
Depuis des années, Nature Québec s’engage dans des projets concrets de verdissement afin de lutter contre les îlots de chaleur et la pollution atmosphérique, mais aussi pour redonner aux citoyen·ne·s un meilleur accès à la nature en ville. Avec le projet Pour des villes vivantes, l’organisme souhaite pousser plus loin ses réflexions afin de ficeler déplacements actifs, équité environnementale et accès à la nature de proximité, et ce, sans oublier personne.
« Tout le monde possède son expérience de la ville, explique Mathieu Béland, coordonnateur du programme Milieux de vie en santé chez Nature Québec. Chaque personne entretient des rapports particuliers avec la trame urbaine et développe ses propres habitudes de déplacement. Et toutes ces manières de vivre dans la ville représentent autant de données précieuses, mais qui sont souvent difficiles à récolter. »
Consultations inclusives
Bien sûr, les administrations municipales se soucient des opinions de leurs citoyen·ne·s, lesquels peuvent s’exprimer lors de conseils municipaux ou à l’occasion de consultations citoyennes. En revanche, toutes et tous n’ont pas le loisir ou la capacité d’utiliser ces tribunes. Si bien que les besoins des populations les plus vulnérables passent trop souvent sous le radar en matière d’aménagement urbain.
« Le parent monoparental qui cumule deux emplois pour boucler ses fins de mois, la personne qui vient tout juste de sortir de l’itinérance, ou encore l’aîné·e qui vit de l’isolement, illustre Mathieu Béland, voilà des personnes dont on cherche à faire entendre la voix. Notre projet Pour des villes vivantes a donc pour objectif de créer des trames vertes de proximités (qui conjuguent accès à la nature et mobilité active) avec et pour ces deux clientèles principales : les aîné·e·s et les personnes en situation de défavorisation matérielle et sociale. »
Enquêtes sur le terrain
Pour y parvenir, l’équipe de Mathieu Béland a dû se porter à la rencontre de ces personnes dont les voix demeurent le plus souvent inaudibles. Ils sont allés les trouver au sein même des organismes communautaires qui leur viennent en aide afin de les consulter de manière informelle. « L’idée, résume Mathieu, c’est de créer un espace d’échange où ces personnes nous racontent leur histoire. Pour qu’ils nous décrivent leur rapport avec la nature de proximité, leurs habitudes de déplacement. Qu’ils nous détaillent leurs enjeux au quotidien : les endroits qu’ils préfèrent et ceux qu’ils évitent. »
Ce projet de recherche-action, qui a démarré au printemps 2022, a donc permis de recueillir les témoignages de près de 350 personnes situées à Québec, Montréal (arrondissement Mercier–Hochelaga-Maisonneuve) et Val-des-Sources. « Évidemment, précise Mathieu Béland, nos données sont d’abord qualitatives, mais aussi quantitatives, ne serait-ce que par la taille de l’échantillon. Et le but, c’est de classer ces informations recueillies sur le terrain pour savoir si elles correspondent aux cadres théoriques. Car, bien sûr, nous travaillons aussi avec un comité intersectoriel composé de nombreux expert·e·s et de chercheur·e·s. »
Transition écologique juste
À l’heure actuelle, la base de données de ce projet contient près de 900 entrées que l’équipe de Nature Québec est en train d’éplucher pour en faire ressortir tout le sens. Ce qui devrait déboucher, au printemps 2024, sur la publication d’un Agenda 2030. Un Agenda qui se composera essentiellement d’un répertoire d’actions que les villes pourront mettre en place dans l’immédiat. « Car, avec le changement climatique, il y a urgence d’agir, insiste Mathieu Béland. Quand on pense verdissement, c’est dès aujourd’hui qu’il faut planter des arbres. En transport actif, c’est dès aujourd’hui qu’il faut mettre en place des conditions favorables à la diminution des émissions de gaz à effet de serre. Il faut agir vite, mais agir bien. »
Avec ce répertoire d’actions, Nature Québec ne cherchera pas à réinventer la roue. Car, en matière d’aménagement urbain, de verdissement et de transport actif, les meilleures pratiques sont déjà connues. C’est plutôt dans la manière de prioriser la planification de ces aménagements, en fonction des besoins du plus grand nombre et en particulier des plus vulnérables, que ce répertoire d’actions va démontrer toute sa pertinence. Ce sera un véritable catalogue d’initiatives à l’intention des décideur·e·s et des acteur·trice·s municipaux pour les guider dans une nécessaire transition écologique, juste et équitable.
Une ville pour tous et tous pour la ville !
« Si on prend soin des personnes les plus vulnérables dans notre société, insiste Mathieu Béland, si on aménage nos villes en fonction de leurs besoins, du même coup, on va répondre aux besoins du plus grand nombre. Car, dans les villes où même les plus vulnérables se sentent bien, tout le monde va bien s’y sentir. »
